Hôtel Angleterre – Marie Bennett

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Editeur : Denoël

Parution : 13 octobre 2016

Genre : Littérature scandinave

Traduction : Maja Thrane & Thibaud Defever

Titre original : Hotell Angleterre

Résumé : Suède, hiver 1940. Georg est appelé sous les drapeaux. Exposé à des températures extrêmes, mal équipée, sous-aliment&z, son unité se trouve à la merci d’officiers incompétents qui exposent les soldats à des risques inutiles et n’hésitent pas à leur infliger châtiments et humiliations. Lorsque cinq recrues meurent, c’est la mutinerie, et Georg est envoyé en camp de travail.

De son côté, Kerstin, la femme de Georg, survit comme elle peut à Malmö. Les années passent, et avec elles l’espoir de revoir un jour son époux. Mais une rencontre bouleverse sa vie, celle de Viola, femme riche, belle et cultivée dont Kerstin tombe éperdument amoureuse. C’est le début d’une liaison d’autant plus passionnée qu’elle est interdite. Pourtant, aveuglée par la jalousie, Kerstin détruit ce bonheur fugace.

Le soir de Noël 1943, les deux époux se retrouvent enfin. Pourront-ils reprendre le cours de leur existence après avoir traversé autant d’épreuves ?

Un superbe roman sur l’amour, la trahison et les remords.

 

Avis : A l’hiver 1940, Georg quitte son foyer, sa jeune épouse, pour un camp d’entraînement. Mais très vite, les conditions se révèlent très difficiles : malgré les températures extrêmes, les soldats n’ont pas d’équipement adéquat. Sous-alimentés, ils doivent chaque jour effectuer de longues marches dans le froid, et subissent l’incompétence des officiers en charge du campement. Bientôt deux hommes trouvent la mort … puis trois autres, provoquant alors la colère des survivants qui se rebellent. Une fois la mutinerie maîtrisée, les « fortes têtes » dont Georg fait parti sont envoyés en camp de travail, dont il ne ressortira que trois ans plus tard.

Pendant ce temps, Kerstin attend le retour de son mari. D’abord avec patience, inquiétude, et puis petit à petit avec crainte. Car, obligée de retourner vivre chez ses parents, elle finit par faire connaissance avec une nouvelle voisine, avec qui très vite elle se lie. Commence alors une relation amoureuse, que Kerstin vit avec une véritable passion. Mais Viola cache de lourds secrets, avec lesquelles son amante a de plus en plus de mal à composer, jusqu’à ce qu’elle(s) commette(nt) l’irréparable.

Quand enfant Georg vient sonner à la porte de Kerstin, un soir de Noël, les deux époux sont enfin réunis. Pour le meilleur, ou pour le pire ? Car comment effacer trois ans de séparations, d’absence, d’absence de contact ? Et surtout, comment Kerstin pourrait-elle oublier Viola, leur histoire, cet entre-deux qu’il y a eu et qui reste si présent en elle ?

J’ai mis du temps à venir à bout de ce roman, pourtant j’ai adoré ma lecture. Cette histoire de destins brisés, séparés par la guerre. L’injustice d’une époque qui sépare ceux qui s’aiment – à une autre époque, peut-être Georg n’aurait jamais eu à laisser Kerstin et peut-être auraient-ils vécus un mariage paisible ? Comme quoi …

Le roman se découpe en trois partie : la première centrée sur Georg et ses trois mois de calvaire. Les humiliations, les coups durs, les pertes. On ne peut que s’attacher au destin tragique de ces hommes, envoyés sans parfois la moindre expérience militaire, et dont le froid devient le pire ennemi. La partie suivante nous fait mieux découvrir Kerstin (jusque là on avait que le point de vue de Georg), sa vie sans son époux. Et petit à petit, ses sentiments, son histoire avec Viola. Face au quotidien de Georg, j’en ai parfois voulu à Kerstin de ne pas l’attendre, de tomber amoureuse de quelqu’un d’autre – d’autant plus quand dans la dernière partie elle lui jette au visage qu’il ne sait pas ce qu’elle, elle a vécu pendant son absence, quand même ! On ne peut pas comparer ses doutes, ses crises de paranoïa, ses peines de cœur, avec ce qu’a vécu Georg. Mais en laissant ce dernier et toute considération morale de fidélité de côté, j’ai beaucoup apprécié voir s’attirer, s’affronter, s’entrechoquer les caractères de Viola et Kerstin, tenter de percer le secret de Viola (un personnage sur qui au final j’aurais aimé en savoir plus – ça aurait été intéressant d’avoir son point de vue aussi). Dans la troisième et dernière partie, on ne suit pas l’un des deux en particulier, on passe du « je » au « il », « elle » : les deux époux sont réunis, en proie chacun à leurs propres démons. Et c’était la partie que j’attendais le plus, j’étais curieuse de savoir comment ils allaient s’en sortir, s’ils allaient se retrouver, comment allaient se démêler tout cela.

J’ai donc, comme je disais, beaucoup aimé ma lecture. L’histoire s’ancre pendant la seconde guerre mondiale, période que j’aime beaucoup. Mais si dans la première partie le côté militaire est bien présent, au final tout cela n’est qu’un prétexte à la séparation des époux. On ne s’attarde pas forcément sur ce qui se passe dans le monde (c’est abordé bien sûr, mais en regard du nombre de pages, clairement ce n’est pas ce qui prime). Cela ne m’a pas dérangé car j’aime aussi ce type d’histoire, des personnes séparés, des amours compliqués, un brin de mystère, un soupçon de trahison, et hop, on mélange le tout !

En bref, une belle histoire d’amours, de trahison, de jalousie, de remords. Un premier roman parfaitement maîtrisé, à découvrir !

 

Merci aux éditions Denoël pour la confiance et la découverte !

16 réflexions sur “Hôtel Angleterre – Marie Bennett

  1. J’ai lu une autre chronique sur ce roman. L’histoire me plait beaucoup mais le thème de la guerre me fait freiner des quatre fers… Je verrai si je tombe dessus à la médiathèque. En tout cas, la couverture est magnifique !

    • Oui la couverture est très sympa !
      Je peux comprendre que ça te freine si tu n’es pas très fan, après je trouve que c’est vraiment pour situer le contexte et donner un cadre à l’histoire ! ce n’est pas tant présent que ça comme je l’expliquais dans l’intrigue, comparé aux histoires Georg/Kerstin ou Kerstin/Viola 🙂

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