La remplaçante – Mathou & Sophie Adriansen

Editeur : First éditions

Parution : 12 mai 2021

Genre : BD

Résumé : Marketa et Clovis, amoureux fous, attendent un bébé. Mais l’accouchement signe la fin du conte de fées. La naissance de Zoé ne s’est pas passée comme Marketa l’imaginait, et l’instinct maternel tarde à se manifester. Tandis qu’elle ne reconnaît plus son corps, Marketa se sent perdre pied face à ce bébé si vulnérable dont elle a désormais la responsabilité.
Réussira-t-elle à se sentir mère ?  à aimer son bébé ?  à cesser de penser qu’une remplaçante ferait mieux qu’elle ?

Avis : Ce n’est plus un scoop : j’adore le travail de Mathou. A chaque fois qu’elle annonce une nouveauté, je suis dans les starting-blocks. Quand j’ai entendu parler du sujet de La Remplaçante pour la première fois, j’étais enceinte de mon deuxième enfant, autant vous dire que pour moi c’était une évidence !

Sans trop entrer dans les détails, après mon premier accouchement, je me suis pris mon post-parthum de plein fouet. On m’avait tellement parlé du jour J, de ce bébé apparemment doué de magie puisque « tu verras, tu oublieras tout quand tu l’auras dans tes bras », et si peu préparé à l’après. Aux douleurs, à la fatigue, aux doutes, à devenir complètement invisible, à un tourbillon d’émotions terriblement violent (que ça soit dans les émotions positives ou négatives). Je pensais être davantage préparée pour ma 2ème grossesse, mais surprise, mon accouchement a été complètement différent, et j’ai eu encore plus de mal à m’en remettre. Je n’aime pas trop parler de moi ici, surtout pour quelque chose d’aussi intime, mais je trouve ça important : je me suis souvent sentie en colère, parce que le post-parthum reste tabou. Qu’il faut sourire, retrouver sa ligne, s’occuper du bébé (et des autres enfants s’il y en a déjà) et de la maison. Qu’on ne peut pas se plaindre parce que, hé, combien de femmes voudraient vivre ça et ne le peuvent pas ? Et puis, tu le voulais, tu l’as eu, non ? Alors on culpabilise, on prend sur soi malgré l’épuisement, et on prie pour voir le bout du tunnel le plus rapidement possible.

Pour toutes ces raisons, et bien d’autres encore que je garderai dans les tréfonds de mes souvenirs, je me suis énormément reconnue dans ce roman graphique. Je me suis sentie très proche de Marketa, j’avais tellement envie de la prendre dans mes bras, de pleurer un bon coup avec elle, lui dire que ça irait. Que c’est normal, cette sensation d’être entrée dans un tunnel dont on ne voit pas le bout, de se sentir épuisée par les nuits sans fin, la fatigue qui te cloue dans un état second, qui t’empêche parfois de te lever alors même que ton bébé hurle à 2 pas de toi.

Mathou et Sophie Adriansen souligne la (dure) réalité du post-parthum où, en France, la femme est si peu entourée. Pire, une fois le bébé sorti, elle est comme invisibilisée. Sauf bien sûr, pour tous ces conseils non sollicités, sur les nuits, l’allaitement, le poids, la façon de le porter, de l’élever, et mille autres choses. Sans imaginer que parfois, la mère, la femme en face, souffre, se sent seule, mal. Avoir la responsabilité d’un si petit être, quand on est soi-même encore en chantier, ce n’est pas rien pourtant ! Pour info, le suicide est la deuxième cause de décès maternelle en France. Voilà, voilà.

Bon, vous allez me dire, Delphine, tu plombes l’ambiance avec ta chronique ! Ce n’est pas le but, bien autre contraire. En réalité, cette BD m’a fait beaucoup de bien, par son honnêteté, sa bienveillance, sa douceur dans la tourmente. Ne pas se sentir seule, différente. Réaliser que des milliers de femmes sont passées, passent par là. Le rappel de bien s’entourer, que ça soit de proches ou de professionnels. Que toujours, après la tempête, le calme revient. Et qu’il laissera place à un océan d’amour. Peu importe si cela met 6 jours ou 6 mois à arriver. On ne né pas mère, on le devient.

Même si chaque femme vit sa maternité de manière différente, pour moi, c’est le genre d’ouvrage à mettre entre les mains de toutes les mamans et futures mamans, mais aussi les ami(e)s, les proches. Un grand merci à Mathou et à Sophie Adriansen pour cette BD de (re)construction, puissante et bienveillante.

Merci aux éditions First pour la confiance et l’envoi ! ❤

19 réflexions sur “La remplaçante – Mathou & Sophie Adriansen

  1. Tu en parles avec beaucoup de pudeur et tu dis malgré tout les choses. Tu as raison s’est un sujet tabou mais j’ai le sentiment que les choses vont bouger, notamment grâce à des ouvrages comme celui-ci. Merci pour la sincérité de ton partage et ce courage que tu as eu de témoigner. 👏

  2. Je trouve que c’est un beau moyen pour sensibiliser sur le sujet. j’aime beaucoup le style de la couverture, ca traduit bien ce que tu en dis et le résumé je trouve !

  3. C’est une BD qui me tente beaucoup , justement parce que, comme tu l’as dis, cela reste un sujet tabou, alors que cela ne devrait pas l’être.
    Merci pour ton témoignage sur ce moment que tu as toi-même vécu ❤

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