Maman maman maman #MèreEpuisée – Cévany

Éditeur : Leduc

Collection : Leduc Graphic

Parution : 9 février 2022

Genre : BD

Avis : Quand cette BD est sortie ma fille n’avait même pas encore un an et moi j’étais au bout de ma vie, notamment à cause d’un enchaînement de nuits hachées. Alors forcément, j’étais très intéressée par ce titre. Je ne suis pas sûre que j’étais prête à le découvrir à l’époque et j’ai un peu fait traîner, en tout cas je suis contente de m’être enfin plongée dedans.

On suit Maddie, épuisée depuis la naissance de son dernier enfant. Elle qui a tout lu sur l’éducation positive, la parentalité, l’allaitement, elle qui s’était promis de ne jamais crier sur ses enfants est à bout. Épuisée par des nuits trop courtes, fatiguée d’entendre « maman » ou « ouin, ouin » à tout bout de champ, lasse de devoir demander à son mari de faire sa part. On la voit en proie à ses doutes, perdre pied mais se raccrocher à l’amour des siens, pour peu à peu se relever.

Est-ce utile de vous préciser que cette lecture m’a bouleversée ? Certains passages ont fait écho à ma propre expérience de la maternité, surtout, ils m’ont fait prendre conscience d’à quel point j’ai pu aller mal parfois et me sentir seule. Parce que l’histoire de Maddie, c’est finalement celle de très nombreuses mères, et ses angoisses (notamment les phobies d’impulsion), celles de nombreuses mères. Et par peur du jugement, ou à force de voir la vie « parfaite » des autres sur les réseaux, on n’ose rien dire.

J’ai beaucoup aimé les dessins, ainsi que le propos : il faut vraiment libérer la parole des mères sur tous ces sujets, qu’elles ne se sentent pas seules, qu’elles se sentent le droit de demander à l’aide/de l’aide quand c’est nécessaire. C’est le genre d’ouvrage à offrir à de futurs ou jeunes parents pour les aider à déculpabiliser. Parce qu’on a le droit de craquer, de crier de temps en temps, d’être fatigué. Quel parent peut se targuer d’être parfait ? Comme on dit, il y a la théorie, et la pratique.

Même si j’ai beaucoup aimé cette BD, petit bémol tout de même concernant le rôle du père. J’ai trouvé les propos de Victor parfois trèèèès agaçants, et j’aurais aimé que d’autres choses soient abordées : grosso modo, la justification au fait qu’il ne s’investisse pas des masses tient au fait que Maddie ne lui laisse pas sa place – ce que je n’ai pas trouvé exact. Quand elle lui demande de l’aider et de changer une couche, Monsieur n’a pas envie parce qu’il rentre d’une dure journée de travail, alors qu’elle, elle est restée tranquilou à la maison toute la journée (en gros). Du coup il préfère jouer sur son téléphone. J’ai trouvé ça très réducteur, finalement c’est à la mère de changer et le père s’en tire bien du coup. Même si évidemment ça arrive, je trouve que c’était l’occasion de parler de ces pères qui ne s’impliquent pas alors que leurs conjointes ne demandent que ça. Enfin, j’ai eu aussi un peu de mal avec le ton employé parfois, j’ai trouvé que ça manquait un peu de naturel, un peu comme si je lisais des phrases toutes faites ou un essai plutôt qu’une histoire.

En bref, voici un roman graphique déculpabilisant, à glisser entre les mains de tous les parents !

Merci aux éditions Leduc pour la confiance et l’envoi !