Grupp – Yves Grevet

Le-Grupp

 

Éditeur : Syros

Parution : 31 août 2007

Genre : Jeunesse

 

Résumé : Mettez-vous à la place de Stan : grâce à l’implant LongLife, comme tous ses amis et ses proches, il ne craint ni la maladie ni les accidents et peut atteindre l’âge de cent ans en menant une petite vie tranquille. Est-ce que ça ne donne pas envie ? Maintenant, essayez de penser comme Scott, le grand frère de Stan : voulez-vous vraiment que vos battements de cœur soient contrôlés à tout instant ? Vous sentir traité comme un être irresponsable, fragile, et que l’on décide à votre place ce qui est bon pour vous ?Si la liberté et la part du hasard valent plus à vos yeux que votre sécurité, faites-le savoir. Rejoignez le Grupp.

 

Avis : En quelques années, Yves Grevet est devenu l’un des auteurs incontournables du paysage de la littérature jeunesse, et pourtant je n’ai lu que deux petits livres de lui jusqu’à présent – d’ailleurs j’ai toujours U4.Koridwen dans ma PAL ! Bref, quand j’ai lu le résumé de ce roman, j’étais très curieuse et impatiente de le découvrir.

La vie de Stan se retrouve chamboulée du jour au lendemain : son grand frère est arrêté et envoyé en prison. Accusé d’être l’un des fondateurs de Grupp, une association de personnes luttant contre le système établi, Scott se retrouve du jour au lendemain arraché à sa famille. Car il faut dire que l’adolescent a beaucoup de mal à accepter que ses moindres faits et gestes soient surveillés, que l’on puisse contrôler où il va, et même ses battements de cœur. Une fois le premier choc passé, Stan décide de ne pas prendre pour argent comptant tout ce qu’il entend, et décide d’en savoir plus sur cette mystérieuse organisation – et sur son frère. Une chose est sûre, il est bien loin d’imaginer où cela le mènera …

J’ai bien aimé l’idée de départ de ce roman. On en sait suffisamment pour que l’univers soit planté ; même si certaines choses restent assez floues – après tout on suit le point de vue de Stan, et pour lui qui n’a connu que ce système les choses vont de soi. Pas d’explication sur la société, sur le changement qui s’est opéré, sur les mondos, etc, mais ce n’est pas gênant en soi. Imaginez une société où chacun de vos faits et gestes est contrôlé, analysé par un implant. Fini les problèmes de santé qu’on laisse traîner, les agressions (la montée de stress par la violence ou la peur, suivi d’une intervention policière dans la foulée), les risques quand on traverse ou sort de chez soi en pleine nuit : une décharge électrique aura tôt fait de remettre vos enfants dans le droit de chemin. Mais fini aussi l’intimité, les premiers émois amoureux, l’adrénaline qu’on peut ressentir en courant avec ses amis, les soirées. La liberté. Faire des erreurs, peut-être, mais vivre. Apprendre. Grandir. Car si un jour ces implants n’assuraient pu cette « sécurité », imaginez la peur qui s’emparerait de cette société, de ces jeunes, bridés, depuis leur enfance ! Pour ceux-là, tout cela a un côté rassurant, finalement.

Si Stan s’est toujours dit que c’était pour leur bien, son frère aîné Scott milite avec ses amis pour que les choses changent. De temps en temps, il arrive qu’ils déconnectent leurs implants, pour vivre, librement. Mais si le Grupp pense agir pour le bien, imaginez si un organisme, voué à faire le mal, parvenez à pirater vos implants ? A vous rayer des écrans de surveillance ? A même faire cesser votre cœur de battre ? Tant de contrôle est peut-être bien risqué, finalement …

Je ne m’y attendais pas, mais ce roman est découpé en trois parties, centrées sur trois personnages/entités différentes. Moi qui pensais qu’on allait uniquement avoir le point de vue de Stan, ça a été une bonne surprise : arrivés à un certain point (merci monsieur Grevet pour le sadisme, nous laisser en plan à un moment crucial, je ne vous félicité pas !), une nouvelle partie commence, et nous découvrons cette fois le point de vue de Stan. Nous revenons donc au début, pour découvrir les choses avec un regard neuf. Forcément, ça apporte un autre éclairage, et c’est pas mal du tout. Pour terminer, c’est le Grupp qui prend la relève, quand nos deux frangins n’auront plus le droit à la parole.

Les personnages sont attachants. J’aime ceux qui se battent pour leurs convictions, et ceux qui peuvent changer d’opinion en s’ouvrant à ce qui se passe autour d’eux. Sol – le meilleur ami de Stan – m’a également beaucoup amusée par son coté décalé : voilà un personnage original mais néanmoins solidaire. Stan est un personnage obstiné, sensible. J’ai beaucoup la relation des deux frères, voir comme le comportement de l’un pouvait blesser l’autre, mais également connaître les raisons de cet autre.

On a pas mal de rebondissements. Si j’en avais vu venir certains, ça reste intéressant et bien intégré dans l’intrigue, qui reste dynamique par le rythme et le découpage choisi (ça induit une certaine tension, un certain suspens). A travers le personnage de Scott, on parle aussi d’incarcération, mais aussi de certaines dérives, j’ai trouvé ça pas mal pour un roman conseillés dès 12 ans : on ne prend pas les jeunes pour des bébés.

Enfin, point non négligeable quand on a comme moi des centaines de livres qui attendent d’être ouverts : il n’y a qu’un tome. Certes, j’aurais aimé quelque chose de plus net, « définitif » pour la fin, mais j’aurais été la première à râler si tout s’était miraculeusement arrangé en quelques lignes – après tout je suis sûrement plus exigeante maintenant que quand j’étais ado.

Pour finir, j’aborderais juste la question de l’écriture. C’est bien écrit, ça se lit vite, pourtant, j’ai trouvé que le tout manquait parfois un peu de naturel, de fluidité. Est-ce que c’est parce que l’auteur fait parler des ados ? Je ne saurais dire, en tout cas ça reste subjectif.

Au final, un roman prenant et captivant, qui fait réfléchir sur ce que pourrait devenir notre société, à toujours vouloir aller plus loin dans la technologie et le vivre mieux/plus vieux. Une réflexion intelligente sur l’indépendance et la liberté, portée par des ados plus censés que certains adultes !

 

libr

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16 réflexions sur “Grupp – Yves Grevet

  1. Il est dans la pile de livre que je dois lire à ma librairie. J’étais pas très motivé pour plusieurs raison dont une débile : la couverture qui ne me donnait pas du tout envie, et surtout je m’imaginais que ce serait une nouvelle longue série. Tu me rassures là-dessus et du coup je vais peut-être pas le faire tant trainer que ça finalement.

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