Blood family – Anne Fine

Éditeur : Ecole des Loisirs

Parution : 28 octobre  2015

Genre : Roman jeunesse

Traductrice : Dominique Kugler

 

Résumé : Il revient de loin, Edward. Jusqu’à l’âge de sept ans, il a vécu enfermé dans un appartement avec sa mère, sous l’emprise d’un homme alcoolique et violent. Lorsqu’il est délivré de son bourreau, il peut enfin découvrir le monde qui l’entoure. Mais est-il libre pour de bon ? Recueilli par les services sociaux, puis ballotté de famille d’accueil en famille d’adoption, Edward se construit en tentant d’oublier son passé.

Mais au fil des années ce passé le suit pas à pas et ne cesse de se rappeler à lui. La force, le courage et la volonté lui suffiront-ils pour lui échapper ? A partir de 12 ans.

 

Avis : Cela faisait très longtemps que je n’avais pas lu de roman d’Anne Fine. Quand j’ai vu la couverture, quand j’ai lu le résumé, j’ai tout de suite eu envie de lire celui-ci. Et croyez-moi, j’ai vraiment bien fait ! Ce n’est pas un roman facile, ce n’est pas une lecture légère, et pourtant je peux dire que j’ai passé un excellent moment de lecture.

Edward est encore un petit garçon, quand les services sociaux débarquent chez lui, prévenus par une voisine inquiète. Sa mère, sous le joug d’un compagnon violent, ne lui était plus d’aucun secours depuis belle lurette, enfoncée qu’elle est dans son mutisme et sa souffrance. C’est donc un gamin meurtri, terrorisé, qui remet enfin un pied dehors après des années, et qui doit apprendre à vivre avec les autres, avec son passé, avec ses peurs.

J’ai beaucoup aimé la construction du récit, qui m’a beaucoup fait pensé à la Maladroite d’Alexandre Seurat – d’ailleurs, là aussi il est question d’un enfant, de mauvais traitements. Le roman est découpé en plusieurs parties, et dans chacune, nous avons une alternance de point de vue. Ainsi, tour à tour, Edward s’exprime, ainsi que les personnes qu’il va croiser : les intervenants des services sociaux, les policiers, la psy qui le suit durant un temps, la famille d’accueil, celle qui l’adoptera, sa nouvelle sœur, etc. C’est fort, poignant de lire les mots d’Edward, et pourtant, c’est tout aussi poignant de lire ce que pense les autres, comment ils le perçoivent, voient ce que lui ne voit pas toujours, un peu comme dans Wonder de R.J. Palaccio.

Linda nous explique à un moment pourquoi et comment elle est tombée sous le charme de Eddie. Et nous aussi, on le prend en affection. On s’inquiète, on a peur pour lui. On veut qu’il s’en sorte. Tout au long de ma lecture, j’avais le cœur serré, je voulais qu’il trouve enfin une forme de sérénité, lui qui avait déjà tant souffert, lui qui ne comprenait pas tant de choses. Et puis, l’écriture d’Anne Fine est tout simplement parfaite. Les bons mots, les bons tons, le bon rythme, tous ces éléments qui font que j’ai dévoré ce roman, que j’ai eu du mal à le lâcher jusqu’à la dernière page.

Pour clore cet article, je dirais que ce roman, c’est un roman puissant, fort, bouleversant, sur ce petit garçon qui grandit en traînant derrière lui trop de casseroles. Un roman intelligent, qui aborde de nombreux sujets importants, et qui fait réfléchir également. Comment grandir quand on a été élevé par un monstre ? Comment se conduire « comme il faut » quand la terreur est encore là, bien blottie au fond de soi ? Quand on ne comprend pas qu’on ne nous ait pas protégé, qu’on a du mal à pardonner ? Comment se délester de ce passé ? Un roman glaçant, de par le sujet abordé, qui nous prend à la gorge dès les premières lignes ; glaçant de réalisme, qui montre que malgré tout l’amour, toute l’aide qu’on peut recevoir, le chemin pour s’en sortir peut se révéler bien long. Un roman coup de poing, à l’atmosphère particulière et pourtant pas dénué d’espoir, que je vous recommande absolument de lire !

 

Merci beaucoup aux éditions de l’école des loisirs pour la confiance et la belle découverte !